Faecal
sludge from pit emptied into street -
les boues de vidange d´une fosse
déversées dans la rue,
par SuSanA secretariat Via Flickr CC
Il
y a sept ans de cela, j’étais à mes premières années à Ouagadougou dans le
cadre des études universitaires. Nous, les étudiants ressortissant de Bobo
Dioulasso avions l’habitude de nous retrouver souvent les weekends entre amis, pour
échanger autour d’un thé, comme il est de coutume à Bobo. Un samedi soir aux
environs de 21heures,
je me suis retrouvé chez deux de mes amis ; nous
nous étions installés avec notre matériel de thé, devant la cours de leur « célibatérium »
où une ampoule éclairait de la porte jusqu’à la rue en face. Un éclairage
existait aussi devant quelques autres portes dans la même rue. La porte devant
laquelle sous étions assis était située sur une pente. L’un des amis préparait
le thé pendant que nous discutions jusqu’à minuit. Il y eu subitement un délestage de courant ; il fut donc
noir sur toute la rue et dans toute le quartier. Le délestage durait ; une
trentaine de minutes s’était déjà écoulée. Le second ami alla dans la cour et ressortit
avec une lampe de poche qu’il remit à celui qui préparait le thé. Il l’utilisait
donc de temps en temps l’éclairage de la lampe et nous continuâmes notre
discussion et la prise de thé au clair
de lune qui s’installait progressivement, en attendant le retour du courant.
Soudain,
nous sentîmes une puanteur qui emplissant peu à peu l’air. Au début, personne
ne voulut l’évoquer car nous ignorions d’où elle pouvait provenir. En quelque
sorte, nous avions été rendus muets par quelque chose qui nous donnait une
sensation désagréable ; ça arrive aussi ! Elle était tellement
répugnante que pour briser le silence, je fini par demander à mes amis le genre
de parfum qu’ils utilisaient pour embaumer ainsi leur quartier. L’un d’eux
répondu en poussant un soupir de libération, c’est vrai hein ! L’autre
répliqua, ça vient d’où ça ? Puis ce dernier se leva le premier pour voir
l’origine. Nous nous levâmes tous et constatâmes que l’odeur provenait d’une eau de vidange de
fosses d’aisance qui ruisselait serpentement le long de la rue.
Nous
suivîmes le ruissellement jusqu’à la source. C’était une des cours qui se
situait un peu plus en hauteur sur la pente par rapport à la cour de mes amis et à une centaine de
mètres de celle-ci. Nous découvrîmes que l’auteur était le propriétaire de la
dite cour, qui voulue profiter du moment propice créé par le délestage, pour se
débarrasser des excès d’eau de sa fosse qui nuisaient depuis quelques jours aux
habitants de sa cour. Nous le trouvâmes même toujours en action ; la fosse
était dans sa cours et non loin de la porte ; il puisait, puis sortait
verser le contenu dans la rue un peu loin de sa porte. Nous arrivâmes juste au moment
où il sortait pour une des opérations. Quand il sentît notre présence, il
s’arrêta et fut le premier à proférer un mot de salutation : « bonsoir ».
Nous répondîmes « bonsoir ». Il constata que nous n’étions pas des
passants, puis d’un ton dominateur il nous demanda s’il y avait un problème.
L’un de mes deux amis qui était le plus ancien dans le quartier, répondît du
même ton qu’il y a bien évidemment un problème et que nous étions là pour le
découvrir. Le monsieur fut pris de rage et répliqua en vociférant : ah bon ! Il
demanda qui nous étions pour venir lui raconter des blablabla ; et de quel
droit ? Sans arrêt, il ajouta : êtes-vous des gendarmes ou des
policiers ? Il pensait ainsi nous intimider, mais mon ami aussi élevant un
peu plus la voix, répliqua : ah non, vous êtes entrain d’indisposer tous
les habitants du quartier et vous voulez vous plaindre de leurs blablabla. Mon
ami sembla prendre le dessus. Le deuxième ami et moi étions arrêtés et
observant la dispute ; nous étions ébahis par l’intensité des répliques et
l’allure à laquelle cet incident tournait en une querelle incontrôlée. La
montée des voix risquait de réveiller tous les riverains qui avaient déjà eu
quelques heures de sommeil. Pour éviter
le pire, le monsieur reconnut son tort. Il finît par dire d’un ton de coupable,
qu’il était juste entrain de jeter les eaux sales de sa cour. Sur ce, chacun
reprît son calme et la tension baissa des deux côtés. Je me joins à mon ami qui
maîtrisait déjà la situation, en disant que ce qu’il faisait n’était pas juste
parce que cela indisposait tout le quartier, et que si ce n’était parce que le
quartier était pratiquement tout en dormi, sa cour serait actuellement envahi
de plaignants.
Nous
lui rappelâmes les moyens modernes employés pour la vidange des fosses
d’aisance ; chose qu’il connaissait déjà. Il cessa la vidange à l’air
libre et promit de faire recours désormais aux camions vidangeurs modernes. Nous
retournâmes devant la cour de mes amis et mîmes du coup fin à notre prise de
thé, comme il faisait déjà tard et aussi pour éviter d’être davantage exposé directement
aux odeurs. Puis je rentrai chez moi. Le courant revint juste au moment où
j’arrivais chez moi à 1 heure et demie du matin.
Par Julien DEMBELE, MSc.
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